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[ARTICLE 76-ACTU]

Vendredi 20 septembre, Marine Caron a annoncé qu'elle serait candidate aux élections municipales de 2020 à Rouen, et qu'elle porterait sa candidature avec Robert Picard. Entretien.

 

C’est, comme un symbole, sur le même bateau qu’ont annoncé Marine Caron et Robert Picard leur « candidature conjointe » à la mairie de Rouen (Seine-Maritime), vendredi 20 septembre 2019. Un rebondissement dans la campagne des municipales, alors même que l’investiture du parti La République En Marche, à laquelle eux deux ainsi que Jean-Louis Louvel sont candidats, n’a pas encore été dévoilée.

Marine Caron, actuellement conseillère départementale centriste, est donc dorénavant officiellement candidate à la mairie de Rouen, et Robert Picard, appelé à devenir son bras droit, chargé des questions en lien avec la Métropole. « Nous pensons qu’on ne sera pas trop de deux à l’échelle de la Métropole », a expliqué le conseiller municipal LREM.

Sur cette péniche où les deux alliés avaient réuni une vingtaine d’acteurs économiques et associatifs de la vie rouennaise, on pouvait notamment reconnaître Guillaume Benech, jeune auteur – entrepreneur rouennais. Quelques heures avant leur annonce officielle, Marine Caron et Robert Picard ont accepté de donner une interview à 76actu.

 

« Initier une démarche de rassemblement »

 

76actu : Pourquoi avoir choisi de faire un binôme pour vous lancer dans cette bataille ?
Marine Caron : Je suis candidate aux élections municipales en mars 2020. C’est un choix qui est mûrement réfléchi, et qui n’a pas été pris seul, mais en lien avec Robert Picard. On a énormément échangé ces derniers jours, mais même au-delà ; depuis de nombreuses années, on a l’habitude de travailler main dans la main. On considère que c’est le rassemblement, la complémentarité de nos profils, nos projets, nos valeurs, notre envie, notre volonté qui sont partagés. On a envie de porter ça pour la ville, pour le territoire et pour les Rouennais.

Vous faites cette annonce avant que l’investiture de La République en Marche, pour laquelle vous étiez tous deux candidats, n’ait été dévoilée…
Robert Picard : Pour l’instant, il n’y a pas de décision prise par La République en Marche. Elle va venir en son temps. Ce qui nous a semblé important, c’était de démontrer que l’on était capable d’initier une démarche de rassemblement qui sorte un petit peu de la querelle des personnes. Avec Marine, on pose les fondamentaux clairs de ce que peut être une forme d’union pour les municipales. On espère que l’initiative ne va pas s’arrêter à nous. Il serait complètement irresponsable de dire aux Rouennais : « On pense la même chose, mais on se présente séparément ». Notre souhait est de convaincre, au niveau de Rouen et aussi dans la démarche d’investiture, que la solution est dans le rassemblement. 
Marine Caron : On est convaincus que cette union, c’est ce dont Rouen a besoin. On lance donc aujourd’hui un appel pour que ce rassemblement se fasse encore plus largement.

 

« Notre étiquette, c’est Rouen »

 

Quels sont vos points de divergence avec Jean-Louis Louvel, lui aussi candidat ?
Robert Picard : La question n’est pas quelles sont nos divergences d’origine, mais où est le point de convergence. Évidemment, on ne part pas tout à fait avec les mêmes configurations. Moi, je suis impliqué dans le fonctionnement de l’opposition municipale depuis le début du mandat de 2014, Marine est au Conseil départemental. Jean-Louis a une démarche de personnage actif et dynamique sur le territoire. Le signal qu’on souhaite envoyer à six mois de l’élection, c’est qu’il faut mettre de côté les questions d’égo, et chercher à se rassembler. Et Marine et moi, on propose une configuration de rassemblement qui nous paraît assez naturelle, compte-tenu de notre… [il cherche le mot]
Marine Caron : … de notre complémentarité. 

Concrètement, avec quelle étiquette partez-vous dans la bataille des municipales ?
Marine Caron : Notre étiquette, c’est Rouen ! C’est les Rouennais. On a vraiment la volonté d’avoir une démarche ancrée sur le territoire, sur la ville, avec les Rouennais qui nous entourent. Peut-être que les partis comptent encore pour des citoyens, mais il y en a aussi beaucoup qui ont envie de dépasser les clivages.

Vous serez probablement la seule femme candidate à la mairie de Rouen, et peut-être également la seule candidate « jeune » à cette élection. Ce sera un atout ?
Marine Caron : La question n’est pas de savoir si l’on est une femme, un homme, si l’on est jeune… La question, c’est de savoir quel est le projet pour le territoire, quelle est la capacité de rassembler, de constituer une équipe, d’écouter les Rouennais, d’aller les rencontrer et de faire de la politique autrement. 

Vous avez déjà réfléchi à des axes politiques ?
Robert Picard : Notre réflexion est guidée par le sentiment suivant : Rouen est la seule métropole de France à ne pas avoir tiré le parti de ce statut. On est une métropole qui donne le sentiment d’avoir toutes les fragilités, toutes les difficultés et toutes les mauvaises perspectives que celles auxquelles peuvent être confrontées les villes moyennes aujourd’hui dans notre pays. Notre sujet, c’est comment est-ce qu’on peut orienter le travail à faire sur le territoire pour que les habitants puissent avoir les bienfaits de ce que devraient normalement permettre les atouts de Rouen : de l’emploi, du cadre de vie et un environnement respectueux et défendu.

 

« L’écologie ne doit plus être punitive »

 

Marine Caron : Il faut reconnaître qu’il y a des choses qui ont été faites ces dernières années, qui ont permis à notre ville d’avancer. D’ailleurs, les gens, lorsqu’ils reviennent à Rouen, ils voient une évolution, c’est certain. Mais on a quand même sur des villes comparables à la notre encore 10, 20, parfois 30 ans de retard. Et les trois axes que Robert a dégagés en parlant d’emploi, de cadre de vie et d’environnement sont ceux que l’on portera dans notre projet. L’écologie ne doit plus être punitive, mais aujourd’hui incitative et participative. Elle doit être transversale dans l’ensemble des sujets qui font la politique de la ville. Le deuxième axe, c’est le cadre de vie, parce qu’on a besoin d’avoir une ville citoyenne et solidaire, de permettre la réussite pour tous… Et le dernier axe, c’est l’emploi : on a besoin d’avoir une ville attractive et dynamique. Aujourd’hui, on a des bases solides, mais on a aussi cette volonté de continuer à co-écrire ce projet avec les Rouennais, ceux qui sont à nos côtés et ceux qui y seront demain.
Robert Picard : Vous savez, la première campagne que nous avons faite ensemble, c’était celle des municipales de 2014 [auprès de Patrick Chabert, qui avait obtenu au premier tour 13,62 % des suffrages, Ndlr], et on s’était rendus compte à l’époque, et c’est le reproche que l’on peut se faire rétrospectivement, à quel point on manquait de préparation et de capacités à émettre des propositions très opérationnelles pour le territoire. En 2014, on s’est plantés pour une raison simple : on n’était pas prêts. 
Marine Caron : C’était une première expérience pour l’un et pour l’autre, mais aussi pour notre candidat tête de liste. Aujourd’hui, on est riche de ces enseignements…

Selon vous, le maire de Rouen doit-il également être à la tête de la Métropole ?
Marine Caron : Sur ce point, on a une vision différente de celle des autres candidats. Très simplement, être maire, c’est un job à temps plein, et être président de la Métropole aussi. Dans la démarche qui est la mienne, l’honnêteté, c’est de briguer le mandat pour lequel on est élu. Être maire et président de la Métropole, c’est d’une manière ou d’une autre abandonner l’un des deux mandats, dans la réalité des faits. Ça ne veut pas dire que la Métropole n’est pas un sujet important, au contraire, c’est un sujet primordial. Le maire et son équipe doivent être les premiers agitateurs, les premiers défenseurs de ce qui se passera à la Métropole. D’où cette complémentarité que l’on souhaite construire avec Robert sur les enjeux entre la ville et la Métropole. On a besoin que les relations soient sereines et apaisées, ce qui n’a pas été le cas ces dernières années.
Robert Picard : On constitue avec Marine un binôme où les Rouennais auront à la ville la personne qu’ils auront élue, et au sein du conseil municipal au travers notamment de ma personne, un défenseur ardent de l’intérêt de Rouen dans la Métropole, et plus largement de l’intérêt de la Métropole sur son territoire. Maintenant [quant à des ambitions de présidence de ladite Métropole, Ndlr], on n’a pas la prétention d’expliquer aux 75 % des habitants de la Métropole hors-Rouen qu’ils n’ont pas le choix, et qu’il faut qu’il se rangent à l’avis des 25 % de Rouennais qui auraient décidé qu’il y aurait telle équipe à la tête de la Métropole.

 

« Une aventure dans laquelle on se lance ensemble »

 

Marine Caron, vous n’avez pas été candidate à la succession de Pascal Martin au Département. C’est dans la politique municipale que vous vous sentez le mieux ?
Marine Caron : J’ai la chance d’avoir un président à mes côtés qui m’a confié des responsabilités, qui m’ont permis d’accroître mon expérience et mes connaissances et qui font qu’aujourd’hui, j’ai une bonne vision de la gestion d’une collectivité territoriale. Je sais ce que c’est que de maintenir la cohésion et l’unité d’un ensemble de personnes. Je fais le choix de Rouen, parce que j’y suis née, j’y ai grandi, j’y vis. Voilà, j’ai Rouen dans le cœur et dans le sang, Robert aussi. On a cette même envie pour un territoire que l’on connait plus que bien, puisque c’est celui où l’on a écrit notre histoire. C’est une aventure, dans laquelle on se lance ensemble.

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