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[ARTICLE PARIS-NORMANDIE]

 

Que La République en Marche lui ait préféré Jean-Louis Louvel (propriétaire de Paris-Normandie) pour mener la campagne des municipales à Rouen n’a en rien entamé sa détermination ; que Robert Picard la lâche en route pour rallier l’entrepreneur normand, pas davantage. Marine Caron, 29 ans, vice-présidente du Département de la Seine-Maritime, reste focalisée sur son objectif : « Faire le choix du projet et des Rouennais et pas d’une personne ou d’un parti. »

Reprenons. Le 20 septembre, l’élue déclarait sa candidature à la mairie, main dans la main avec le conseiller municipal d’opposition Robert Picard, ex-UDI converti à LREM. Le ticket, original, justifié par une « complémentarité des profils » et la volonté commune « d’initier une démarche de rassemblement », vaut pour un partage des rôles : elle à la Ville, lui à la Métropole. Caron, comme Louvel, avait sollicité le soutien du parti présidentiel, espoir douché le 14 octobre par la commission nationale d’investiture, qui donne sa faveur au second.

 

« Accords politiciens »

 

« Il y a eu des discussions [avec Jean-Louis Louvel], avant, après. » A-t-elle songé à lâcher l’affaire pour suivre le président fondateur de PGS Group, par ailleurs soutenu par le MoDem et Agir ? « Il n’a pas été question de renoncer mais d’échanger. » En vain. « La valeur cardinale de mon engagement est le projet et je n’ai pas le sentiment que c’était l’axe prioritaire des échanges que j’ai eus, et ce au profit d’accords politiciens à ce stade », tacle Marine Caron, point de vue que ne partage pas son désormais ex-binôme.

Dès le 7 novembre, lors de la soirée du Prix de l’accueil des commerçants, Robert Picard s’affiche en photo sur Twitter au côté de Jean-Louis Louvel. L’élu se veut pragmatique : « La dynamique de rassemblement est derrière Jean-Louis Louvel. J’espère que ce rassemblement sera le plus large possible. Moi, je ne refais pas 2014 ! » 2014 ou le souvenir amer de la droite et du centre désunis avant le premier tour et au final, la victoire du socialiste Yvon Robert. Alors que Jean-François Bures (LR) repart de son côté sans (pour l’instant) l’investiture de son parti, « il faut montrer qu’on porte un projet cohérent avec une équipe capable de le réaliser », plaide Robert Picard, pour qui l’union est un gage de « crédibilité »« Le travail fait avec Jean-Louis est tout à fait efficace, c’est lui le mieux placé pour nous emmener à la victoire. Je ne vois pas pourquoi on irait chercher la division. Je souhaite très fort que Marine rejoigne cette dynamique avant le premier tour, même si ce n’est pas le sens de sa campagne. » Réponse détachée de l’intéressée : « Je constate qu’il est parfois difficile de sortir du jeu politique. »

Assumant sa demande de soutien à LREM, celle qui dirige le groupe majoritaire au Département depuis 2015 se défend de faire le jeu de la désunion. Si elle se reconnaît une « sensibilité centriste », l’ancienne adhérente de l’UDI n’est plus encartée depuis deux ans et se présente comme « une femme libre et indépendante », « dans une démarche d’ouverture », au-delà des clivages politiques afin de « présenter un projet pour les Rouennais, par les Rouennais ». Parmi ses soutiens, « il y a des responsables associatifs, de club sportif, des professeurs, des syndicalistes, des étudiants, des retraités, issus de tous les quartiers... » Et « toutes les personnalités ne se sont pas encore dévoilées », tease-t-elle.

Depuis la semaine passée, la campagne d’« Ensemble pour Rouen » est lancée avec pour sous-titre « Respirer-Vivre-S’épanouir ». Distribution d’un journal de quatre pages, visites de quartier à la rencontre des habitants, trois « Labos des idées » d’ici la fin décembre, questionnaire en ligne et rencontres informelles avec des acteurs du territoire : qu’on se le dise, Marine Caron ne dévie pas de sa trajectoire. Dans un tweet de félicitations adressées au pilote de F1 rouennais Pierre Gasly, 2e au Grand Prix du Brésil dimanche, elle écrit : « Ne jamais rien lâcher, la plus belle leçon dans la vie ! » Les esprits incrédules y auront forcément vu un double sens.

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