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C'est un événement hors norme que nous venons de vivre aujourd'hui à Rouen et dans notre métropole : l’incendie de l’usine Lubrizol.

🚨 Avant toute chose, je tiens à saluer le courage et la bravoure de nos forces de secours et d’intervention, à travers la mobilisation de plus de 200 personnes du SDIS 76, et des départements voisins, qui ont combattu les flammes et assuré notre sécurité.

Toutefois, que ce soit la fuite de Mercaptan enregistrée en 2013 ou l’incendie qui a frappé notre territoire ce matin, la présence d’une usine classée « Seveso seuil haut » doit nous interpeller à juste titre. 

Cette situation, qui a inquiété les habitants du territoire dès les premières heures de la journée, nous amène à trois constats : 

1️⃣ Rappeler la nécessité d’une information rapide, claire et coordonnée à l’attention des habitants et des acteurs du territoire afin d’éviter l’inquiétude et la panique. L’incident se déclenche à 3h, mais il faut attendre 8h pour que les sirènes d’alarme retentissent sur une partie du territoire, au moment même où les Rouennais sont déjà en route pour leur travail. Aucune dangerosité aggravée n’est évoquée, pourtant, au même moment les Rouennais découvrent un énorme nuage noir au dessus de leur tête et certains ressentent déjà les effets sur leur santé. Cela appelle notamment à une coordination de la Métropole en lien avec les villes concernées par l’incident. Un seul message doit être diffusé pour la plus grande sécurité de tous.

2️⃣ Assurer la sécurité réelle d’un site dangereux qui semble s’être révélée défaillante pour la seconde fois après 2013, ce qui concerne directement les citoyens et les inquiète quant à la dangerosité des produits et à la toxicité des émanations.

3️⃣ Mais surtout, s’interroger sur la présence d’un site industriel en plein coeur d’une Métropole et à proximité des zones de vie du futur "eco"-quartier Flaubert. Si le site est installé depuis les années 1950, le contexte démographique et urbanistique à proximité a lui évolué. Bien entendu, nous devons préserver l’emploi des 400 salariés de cette entreprise ; mais nous devons également penser à la santé des 50.000 riverains et plus largement des 500.000 habitants de notre métropole. Cela signifierait, entre autre, d’envisager l'installation de tels sites sur des zones éloignées des populations ou, a-minima, de renforcer l’exigence de sécurité tant qu’une telle activité n’aura pu être délocalisée du cœur de ville ; d’imposer la création d’un organisme de suivi et d’anticipation à la Métropole pour les sites classés sur son territoire ; de solliciter une commission d’enquête sur les circonstances de cet incident ; et surtout de mener un vaste débat public sur ce sujet crucial tant pour nos enfants que notre santé.

Notre environnement, notre cadre de vie et notre bien-être sont bien trop fragiles pour supporter (encore) de tels évènements.

[ARTICLE 76-ACTU]

Vendredi 20 septembre, Marine Caron a annoncé qu'elle serait candidate aux élections municipales de 2020 à Rouen, et qu'elle porterait sa candidature avec Robert Picard. Entretien.

 

C’est, comme un symbole, sur le même bateau qu’ont annoncé Marine Caron et Robert Picard leur « candidature conjointe » à la mairie de Rouen (Seine-Maritime), vendredi 20 septembre 2019. Un rebondissement dans la campagne des municipales, alors même que l’investiture du parti La République En Marche, à laquelle eux deux ainsi que Jean-Louis Louvel sont candidats, n’a pas encore été dévoilée.

Marine Caron, actuellement conseillère départementale centriste, est donc dorénavant officiellement candidate à la mairie de Rouen, et Robert Picard, appelé à devenir son bras droit, chargé des questions en lien avec la Métropole. « Nous pensons qu’on ne sera pas trop de deux à l’échelle de la Métropole », a expliqué le conseiller municipal LREM.

Sur cette péniche où les deux alliés avaient réuni une vingtaine d’acteurs économiques et associatifs de la vie rouennaise, on pouvait notamment reconnaître Guillaume Benech, jeune auteur – entrepreneur rouennais. Quelques heures avant leur annonce officielle, Marine Caron et Robert Picard ont accepté de donner une interview à 76actu.

 

« Initier une démarche de rassemblement »

 

76actu : Pourquoi avoir choisi de faire un binôme pour vous lancer dans cette bataille ?
Marine Caron : Je suis candidate aux élections municipales en mars 2020. C’est un choix qui est mûrement réfléchi, et qui n’a pas été pris seul, mais en lien avec Robert Picard. On a énormément échangé ces derniers jours, mais même au-delà ; depuis de nombreuses années, on a l’habitude de travailler main dans la main. On considère que c’est le rassemblement, la complémentarité de nos profils, nos projets, nos valeurs, notre envie, notre volonté qui sont partagés. On a envie de porter ça pour la ville, pour le territoire et pour les Rouennais.

Vous faites cette annonce avant que l’investiture de La République en Marche, pour laquelle vous étiez tous deux candidats, n’ait été dévoilée…
Robert Picard : Pour l’instant, il n’y a pas de décision prise par La République en Marche. Elle va venir en son temps. Ce qui nous a semblé important, c’était de démontrer que l’on était capable d’initier une démarche de rassemblement qui sorte un petit peu de la querelle des personnes. Avec Marine, on pose les fondamentaux clairs de ce que peut être une forme d’union pour les municipales. On espère que l’initiative ne va pas s’arrêter à nous. Il serait complètement irresponsable de dire aux Rouennais : « On pense la même chose, mais on se présente séparément ». Notre souhait est de convaincre, au niveau de Rouen et aussi dans la démarche d’investiture, que la solution est dans le rassemblement. 
Marine Caron : On est convaincus que cette union, c’est ce dont Rouen a besoin. On lance donc aujourd’hui un appel pour que ce rassemblement se fasse encore plus largement.

 

« Notre étiquette, c’est Rouen »

 

Quels sont vos points de divergence avec Jean-Louis Louvel, lui aussi candidat ?
Robert Picard : La question n’est pas quelles sont nos divergences d’origine, mais où est le point de convergence. Évidemment, on ne part pas tout à fait avec les mêmes configurations. Moi, je suis impliqué dans le fonctionnement de l’opposition municipale depuis le début du mandat de 2014, Marine est au Conseil départemental. Jean-Louis a une démarche de personnage actif et dynamique sur le territoire. Le signal qu’on souhaite envoyer à six mois de l’élection, c’est qu’il faut mettre de côté les questions d’égo, et chercher à se rassembler. Et Marine et moi, on propose une configuration de rassemblement qui nous paraît assez naturelle, compte-tenu de notre… [il cherche le mot]
Marine Caron : … de notre complémentarité. 

Concrètement, avec quelle étiquette partez-vous dans la bataille des municipales ?
Marine Caron : Notre étiquette, c’est Rouen ! C’est les Rouennais. On a vraiment la volonté d’avoir une démarche ancrée sur le territoire, sur la ville, avec les Rouennais qui nous entourent. Peut-être que les partis comptent encore pour des citoyens, mais il y en a aussi beaucoup qui ont envie de dépasser les clivages.

Vous serez probablement la seule femme candidate à la mairie de Rouen, et peut-être également la seule candidate « jeune » à cette élection. Ce sera un atout ?
Marine Caron : La question n’est pas de savoir si l’on est une femme, un homme, si l’on est jeune… La question, c’est de savoir quel est le projet pour le territoire, quelle est la capacité de rassembler, de constituer une équipe, d’écouter les Rouennais, d’aller les rencontrer et de faire de la politique autrement. 

Vous avez déjà réfléchi à des axes politiques ?
Robert Picard : Notre réflexion est guidée par le sentiment suivant : Rouen est la seule métropole de France à ne pas avoir tiré le parti de ce statut. On est une métropole qui donne le sentiment d’avoir toutes les fragilités, toutes les difficultés et toutes les mauvaises perspectives que celles auxquelles peuvent être confrontées les villes moyennes aujourd’hui dans notre pays. Notre sujet, c’est comment est-ce qu’on peut orienter le travail à faire sur le territoire pour que les habitants puissent avoir les bienfaits de ce que devraient normalement permettre les atouts de Rouen : de l’emploi, du cadre de vie et un environnement respectueux et défendu.

 

« L’écologie ne doit plus être punitive »

 

Marine Caron : Il faut reconnaître qu’il y a des choses qui ont été faites ces dernières années, qui ont permis à notre ville d’avancer. D’ailleurs, les gens, lorsqu’ils reviennent à Rouen, ils voient une évolution, c’est certain. Mais on a quand même sur des villes comparables à la notre encore 10, 20, parfois 30 ans de retard. Et les trois axes que Robert a dégagés en parlant d’emploi, de cadre de vie et d’environnement sont ceux que l’on portera dans notre projet. L’écologie ne doit plus être punitive, mais aujourd’hui incitative et participative. Elle doit être transversale dans l’ensemble des sujets qui font la politique de la ville. Le deuxième axe, c’est le cadre de vie, parce qu’on a besoin d’avoir une ville citoyenne et solidaire, de permettre la réussite pour tous… Et le dernier axe, c’est l’emploi : on a besoin d’avoir une ville attractive et dynamique. Aujourd’hui, on a des bases solides, mais on a aussi cette volonté de continuer à co-écrire ce projet avec les Rouennais, ceux qui sont à nos côtés et ceux qui y seront demain.
Robert Picard : Vous savez, la première campagne que nous avons faite ensemble, c’était celle des municipales de 2014 [auprès de Patrick Chabert, qui avait obtenu au premier tour 13,62 % des suffrages, Ndlr], et on s’était rendus compte à l’époque, et c’est le reproche que l’on peut se faire rétrospectivement, à quel point on manquait de préparation et de capacités à émettre des propositions très opérationnelles pour le territoire. En 2014, on s’est plantés pour une raison simple : on n’était pas prêts. 
Marine Caron : C’était une première expérience pour l’un et pour l’autre, mais aussi pour notre candidat tête de liste. Aujourd’hui, on est riche de ces enseignements…

Selon vous, le maire de Rouen doit-il également être à la tête de la Métropole ?
Marine Caron : Sur ce point, on a une vision différente de celle des autres candidats. Très simplement, être maire, c’est un job à temps plein, et être président de la Métropole aussi. Dans la démarche qui est la mienne, l’honnêteté, c’est de briguer le mandat pour lequel on est élu. Être maire et président de la Métropole, c’est d’une manière ou d’une autre abandonner l’un des deux mandats, dans la réalité des faits. Ça ne veut pas dire que la Métropole n’est pas un sujet important, au contraire, c’est un sujet primordial. Le maire et son équipe doivent être les premiers agitateurs, les premiers défenseurs de ce qui se passera à la Métropole. D’où cette complémentarité que l’on souhaite construire avec Robert sur les enjeux entre la ville et la Métropole. On a besoin que les relations soient sereines et apaisées, ce qui n’a pas été le cas ces dernières années.
Robert Picard : On constitue avec Marine un binôme où les Rouennais auront à la ville la personne qu’ils auront élue, et au sein du conseil municipal au travers notamment de ma personne, un défenseur ardent de l’intérêt de Rouen dans la Métropole, et plus largement de l’intérêt de la Métropole sur son territoire. Maintenant [quant à des ambitions de présidence de ladite Métropole, Ndlr], on n’a pas la prétention d’expliquer aux 75 % des habitants de la Métropole hors-Rouen qu’ils n’ont pas le choix, et qu’il faut qu’il se rangent à l’avis des 25 % de Rouennais qui auraient décidé qu’il y aurait telle équipe à la tête de la Métropole.

 

« Une aventure dans laquelle on se lance ensemble »

 

Marine Caron, vous n’avez pas été candidate à la succession de Pascal Martin au Département. C’est dans la politique municipale que vous vous sentez le mieux ?
Marine Caron : J’ai la chance d’avoir un président à mes côtés qui m’a confié des responsabilités, qui m’ont permis d’accroître mon expérience et mes connaissances et qui font qu’aujourd’hui, j’ai une bonne vision de la gestion d’une collectivité territoriale. Je sais ce que c’est que de maintenir la cohésion et l’unité d’un ensemble de personnes. Je fais le choix de Rouen, parce que j’y suis née, j’y ai grandi, j’y vis. Voilà, j’ai Rouen dans le cœur et dans le sang, Robert aussi. On a cette même envie pour un territoire que l’on connait plus que bien, puisque c’est celui où l’on a écrit notre histoire. C’est une aventure, dans laquelle on se lance ensemble.

« L’Europe ne se fera pas d’un coup, ni dans une construction d’ensemble ; elle se fera par des réalisations concrètes créant d’abord une solidarité de fait » ». À l’aune du 69e anniversaire de cette déclaration symbolique et fondatrice de l’unification européenne, les mots de Robert Schuman résonnent encore sur notre continent.

S’il fallait, aujourd’hui, résumer ce que l’Europe nous a apporté en quelques dizaines d’années, la réponse serait d’abord et avant tout celle de la paix. Une stabilité parfois jugée relative qu’il convient chaque jour de préserver, mais qui ne suffit désormais plus à croire en un avenir commun. Les « États-Unis d’Europe », dont rêvait Victor Hugo, sont désormais lointains, victimes depuis trop longtemps de mépris et de sarcasmes.

Tel est le défi auquel nous sommes confrontés : trouver les réponses à tous ces maux qui provoquent notre propre inertie tout en faisant le jeu des populismes. Là est notre responsabilité.

 

Pour une Europe de la proximité

Candidate aux élections européennes de 2014 sur la liste UDI-Modem aux côtés de Dominique Riquet, je sais combien le combat pour l’Europe est difficile. Il faut avant tout motiver nos concitoyens à se rendre aux urnes, et pour cela faire preuve de pédagogie pour les intéresser au rôle de l’Europe dans nos vies et les convaincre de son utilité.

Car oui l’Union européenne est présente sur notre territoire pour améliorer notre quotidien. C’est le cas au sein de notre département de la Seine-Maritime, y compris au cœur de la ville de Rouen. L’Europe soutient, par exemple, le réaménagement du pôle d’échanges de la gare de Rouen Rive droite (1,8 million d’euros). Elle agit aux côtés de l’université de Rouen en faveur du développement d’outils d’innovations thérapeutiques pour une médecine personnalisée (1,3 million d’euros) mais également auprès des jeunes par l’aide à la formation et à l’accès à l’emploi pour plus 12 millions d’euros dans l’Eure et la Seine-Maritime.

L’Europe est donc bel et bien présente. Grâce aux collectivités territoriales et aux élus locaux, l’Europe s’engage et investit chez nous, pour notre avenir. En Normandie, c’est plus d’un milliard d’euros de fonds européens qui est versé entre 2014-2020 au profit de notre Région. Il nous faut le faire savoir.

Ce devoir de transparence, c’est justement ce que s’emploie à faire le Mouvement européen, partout en France et notamment ici en Seine-Maritime, en sensibilisant chacun à l’enjeu européen et à ses réalisations concrètes. Parce que là aussi est notre responsabilité.

 

Pour une Europe de liberté et de progrès

Alors oui, nous avons besoin de l’Europe face aux secousses de la mondialisation et de la concurrence entre les continents, mais aussi pour nous affirmer dans le monde face aux grands défis contemporains : migratoires, climatiques, numériques...

Car oui, l’Union européenne doit pouvoir nous défendre et nous protéger. Oui, elle doit être notre bouclier social. Oui, elle doit être à l’avant-garde des politiques environnementales. Oui, il nous faut poursuivre la construction européenne. Oui, il nous faut faire renaître une Europe souveraine, unie et démocratique. Là est toujours notre responsabilité.

 

Pour une Europe renouvelée

Alors, tentons d’être constructifs. Communiquons. Fixons-nous un nouvel idéal. Donnons à l’Europe un nouvel élan. Cessons de proclamer des discours creux et d’offrir toujours plus de belles paroles. Permettons à l’Union européenne de bénéficier du renouvellement qu’elle mérite. Assurons-lui une reconnaissance à la hauteur de ce qu’elle représente : l’avenir de tous.

Osons enfin aller plus loin : en simplifiant les procédures décisionnelles, en rationalisant son coût de fonctionnement, en réformant le droit européen de la concurrence pour sauver notre industrie, en démocratisant l’expérience Erasmus auprès de tous les étudiants et apprentis européens, en consolidant une véritable politique environnementale faite d’objectifs réalistes et précis.

L’Europe n’a jamais eu un aussi grand potentiel. Ne l’abandonnons pas aux mains de ceux qui souhaitent la détruire plutôt que la bâtir. Là est plus que jamais notre responsabilité.

 

Pour une Europe de l’avenir

Aujourd’hui, je choisis l’Europe. Parce que je suis d’une génération qui est née européenne, je ne peux renoncer à mener ce combat. Un combat en faveur d’une liste pro-européenne pour une Europe fédérale, parce que l’Europe est mon passé, mon présent mais aussi mon avenir.

Historiquement, l’Europe a toujours su faire face aux péripéties. Comme l’a affirmé le président de la République dans son discours de la Sorbonne : « Elle est notre histoire, notre identité, notre horizon, ce qui nous protège et ce qui nous donne un avenir ». L’Europe est notre force partagée, parce qu’il existe une histoire, une citoyenneté, une culture européenne, une fraternité au-delà des frontières.

Tout cela, gardons-le en mémoire. Protégeons-le.

Ne laissons pas à d’autres choisir le destin de l’Europe. Assumons nos responsabilités. Votons le 26 mai ! »

TRIBUNE. "Je choisis l'Europe" (Paris Normandie, 9 mai 2019)

Retrouvez la tribune sur le site Paris-Normandie: https://www.paris-normandie.fr/actualites/politique/tribune-marie-caron--je-choisis-l-europe-CB15059975

INTERVENTION LORS DU DÉBAT DE POLITIQUE DÉPARTEMENTALE


Monsieur le Président, mes chers collègues,

A quelques semaines des élections européennes, la question qui nous taraude tous reste toujours la même : le taux d’abstention battra-t-il un nouveau record ? A quel point les citoyens français et européens manifesteront-ils leur désintérêt pour la chose publique ?

En France, 70% des personnes considèrent que les « politiques » ne se préoccupent pas de leur opinion. Pire, 8 Français sur 10 trouvent que la démocratie ne fonctionne plus. Et près de 40% ne sont pas allés voter aux dernières élections municipales, un triste record pour notre 5ème République. Mais surtout, nous constatons un effritement générationnel de la confiance démocratique chez les 18-24 ans.

Dans l’ensemble, la contestation à l’égard du Gouvernement et de sa politique perdure, comme en témoignent les manifestations des gilets jaunes, quand elles ne sont pas dénaturées par les casseurs.

Finalement, c’est clairement une perte de confiance qui s’observe en Europe à travers des comportements différents : Brexit, gilets jaunes, vote massif en faveur des populistes…

Dans notre pays, la réalité est simple : si la France est encore à l’abri de certaines dérives, elle est indéniablement fragilisée. La violence, verbale comme physique, s’y installe. Le désintérêt des Français pour la chose publique est grandissant. L’élection présidentielle avait permis d’espérer un regain d’optimisme sur le long terme. Aujourd’hui pourtant, force est de constater que l’incompréhension et le discrédit ont pris le dessus. Et les élus que nous sommes, sont en plein cœur de cette tourmente.

Il faut dire que nos habitudes ont changé, bien plus vite que notre façon de gouverner, d’administrer et d’inclure le citoyen au cœur des politiques publiques.

L’information est aujourd’hui devenue un produit de consommation de masse, où la quantité a rapidement pris le pas sur la qualité et où l’amplification médiatique instaure un climat de tension. La facilité d’accès à un certain nombre de données, à n’importe quelle heure et à n’importe quel endroit de la planète a généré une massification de l’opinion publique et une perte de réflexion personnelle. Une « défaite de la pensée », dirait certain (Finkielkraut), entretenant un décalage entre la réalité de la situation de notre pays et l’intelligibilité des mesures qui s’imposent en conséquence.

Cet écart grandissant génère un gouffre que nous constatons tous. Une fracture qui se creuse chaque jour un peu plus entre les gouvernements qui se succèdent et les citoyens.
Avec les scandales politiques des derniers mois voire années, et une réforme territoriale complexe, les citoyens sont de plus en plus perdus mais aussi méfiants. Un épais brouillard qui accélère le processus de défiance généralisé. Oui généralisé, car trop souvent les amalgames se font et tous les responsables politiques sont mis dans un même panier, nationaux comme locaux, alors que nous savons pourtant qu’une différence existe.

Et cette fracture, nous pouvons, nous élus locaux, tenter de la résorber par notre action quotidienne de proximité.

Car nous le savons ici, et je pense que l’ensemble des élus que nous sommes en est persuadé, la reconquête de l’opinion et la valorisation de l’action publique, quelle qu’elle soit, et au-delà des étiquettes et des esprits partisans, passeront par les élus territoriaux, les élus de proximité.

C’est de la base, à proximité de la vie quotidienne, de ses difficultés, de ses souffrances mais aussi de ce qui fonctionne, que les solutions émergeront.

Alors certains me diront que c’est en ça le but du Grand Débat National. Je leur répondrai, en bonne normande que je suis, qu’à la fois oui et non. Oui car en effet, ce dispositif de grande envergure a permis de donner la parole et d’écouter, de récolter de nombreux témoignages et propositions, à travers une démarche novatrice par sa dimension. Mais reste à savoir ce qui sera fait de l’ensemble de ces contributions. A ce stade, et comme un grand nombre de nos concitoyens, je reste sur mes gardes bien que curieuse et impatiente de découvrir le résultat final d’une sollicitation qui pourrait, je le pense, redorer le blason d’une classe politique affaiblie, dont nous faisons partie.

S’il y avait bien une chose principale à en retirer, c’est celle du dialogue !

Car c’est bien le dialogue et le contact direct qui permettront de rapprocher les citoyens de leurs élus et de l’action entreprise en faveur du territoire.

Ne serait-ce que la revendication du Référendum d’Initiative Citoyenne (RIC) ces derniers mois, témoigne d’un sentiment de rupture du dialogue, de l’écoute et du respect de la parole, qu’il nous revient de retrouver sans plus tarder.

Par ailleurs, vous ne pourrez me contredire sur ce point : l’action publique est plus claire, plus en lien avec les réalités quand elle est menée par des responsables politiques proches, et donc élus sur des territoires proches. En cela, le contenu des dernières réformes territoriales peut prêter à discussion et le souhait d’une simplification à mener au sein du millefeuille administratif ne peut qu’être réitéré.
En effet, entre fusions, absorptions, redécoupages… La lisibilité est devenue chose complexe, et les citoyens peu impliqués dans ces démarches d’évolution ont perdu leurs repères.
Par ailleurs, si aujourd’hui la dynamique est à la simplification par l’agrandissement, il convient de ne pas rompre l’attachement au territoire, tout en évitant de tout faire reposer sur les épaules des maires de nos communes, dont certains n’hésitent plus à jeter l’éponge. Depuis 2014, près de 1000 maires ont abandonné leurs fonctions, symptome d’un mal-être.
Ainsi, à la crise de confiance des citoyens s‘ajoute la crise de vocation des élus. Un mal à double sens.
Enfin, pour répondre à cette double crise et maintenir la présence des élus locaux au plus près des préoccupations des habitants, il convient :

  • De revaloriser le rôle du maire et de l’échelon communal
  • Et de réfléchir à ce que les Départements et les Régions puissent être administrés par les mêmes élus, la figure du conseiller territorial, évoqué un temps, mériterait en ce sens d’être remis au cœur des débats. Mais je touche là certainement un point sensible.

Enfin, c’est surtout par la pédagogie que l’action publique sera rendue intelligible. Car l’action publique, peu importe ce qu’elle est et par qui elle est exercée, ne peut être comprise que si elle est correctement expliquée.

A l’heure où les fake-news pullulent et où les chaînes d’information hypnotisent, il nous revient d’expliquer le cœur de notre action, à travers l’utilisation des nombreux moyens de communication qui s’offrent désormais à nous et en les exploitant à bon escient.
La bonne compréhension de l’environnement institutionnel ne pourra se faire sans un apprentissage, dès le plus jeune âge, de la nature et du fonctionnement de nos institutions – c’est en ce sens l’objectif du conseil des collégiens de notre institution.
Et à terme, cette bonne compréhension sera probablement accélérée grâce à une implication accrue du citoyen dans la réflexion aboutissant à la prise de décision. Ce chantier tant éducatif qu’institutionnel, en ce qu’il touche à la nature même de notre démocratie, est désormais ouvert. Reste à savoir s’il pourra produire ses effets dans un contexte institutionnel mouvant.

Pour résumer, la proximité des élus et la clarté de l’action publique dans un contexte plus participatif seront, je l’espère, les clés d’une confiance retrouvée.

Mais rassurons-nous tout de même un peu. Notre pays subit une nouvelle crise institutionnelle d’envergure, c’est vrai. Mais si nous prenons rapidement la mesure des enjeux et nous impliquons collectivement dans la refonte de nos pratiques, nous pourrons alors envisager un retour en grâce de notre fonction et permettre des prises de décisions mieux anticipées et donc mieux partagées.

La tâche est rude mais l’objectif est beau. Et même si parfois nous avons tendance à douter, n’oublions pas qu’impossible n’est pas français.

Je vous remercie.

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